Césaria Evora : «Nous avons besoin de nous réunir, nous africains »

Publié le par Alliance ANR - UDR


Elle s’est produite mercredi soir au Casif de Sidi Fredj devant une foule de fans qui ont rapidement envahi le théâtre en plein air de Sidi Fredj.  On l’a retrouvée dans sa loge, juste avant son entrée sur scène. Belle et sereine, assise sur le fauteuil, pieds nus, Césària Evora répond à nos questions. Elle interrompt un moment  l’interview pour demander à son producteur de lui apporter  le miel qu’elle a demandé et de poursuivre, rayonnante, la poitrine chargée de colliers en or…

 

Un mot sur le spectacle  de Kamel Ouali auquel  vous avez pris part et le  festival culturel panafricain dont vous êtes l’une des invités prestigieux ?

 Césaria Evora : Je suis très satisfaite de ce festival. Tout a l’air bien organisé. Beaucoup d’artistes sont là.  Des artistes  sont venus lors de la première  édition du festival panafricain en 1969. Aujourd’hui peut être qu’ils sont morts. Moi, je suis là. C’est énorme que tous ces africains se concentrent autour d’un seul événement. Quand à l’invitation de Kamel  Ouali, elle est passée via mon producteur qui m’en a parlé et j’ai accepté immédiatement.

  Pourquoi avoir accepté tout de suite ?

J’ai accepté car j’ai déjà été en Algérie. Ayant été très bien reçue, je n’avais pas de raisons de dire non. Le public algérien est formidable. J’ai beaucoup apprécié le spectacle de Kamel Ouali et surtout le thème ou le tableau sur l’esclavage car  il a su recréer la réalité. En Afrique c’est ainsi que ça s’est passé. Ce tableau m’a beaucoup touché et impressionné.

Vous avez dit un jour, je cite : « Ceux qui sont partis à l’extérieur, ils l’ont fait pour tenter de trouver les moyens de mieux vivre. Mais ils gardent toujours la nostalgie de leur île. Lorsque je les rencontre au cours de mes tournées, ils me parlent sans arrêt du Cap-Vert, me demandent des nouvelles de ce qui se passe là-bas. Je pense qu’ils sont encore beaucoup  de cap verdiens du pays, mais il en revient aussi. Certains travailleurs ayant atteint l’âge de la retraite veulent achever leurs vieux jours chez eux ». Cela me fait beaucoup penser à la situation des immigrés algériens…

Cela se passe partout pareil. Quand on n’a pas de quoi vivre dans son propre pays, on sort pour aller à la recherche d’une vie meilleure. Evidemment quand arrive la retraite, ce qu’on a envie de faire est de rentrer au pays pour profiter de sa retraite car nous sommes à l’étranger  mais  le cœur reste au pays. Il y a ce quelque chose qui nous  attire vers lui, cette Sodadqui nous arrache le cœur.

Pourriez-vous nous expliquer la signification de ce mot « Sodad » ?

Ce sentiment nous l’avons dans la chair et dans le sang. C’est un mal, ce  spleen intervient à l’occasion  de la disparition d’un  être cher. Cette Sodad existe chez nous en dépit du fait que le peuple africain  demeure un  peuple très joyeux et enthousiaste.

  Vos impression alors que vous êtes entrain de vivre un évènement continental unique dans le monde et dans les annales historiques de l’Afrique ?

Ce que je trouve bien, c’est qu’il y  ait autant d’artistes africains réunis dans un seul pays. C’est ce dont nous avons besoin, c’est de se réunir en partageant nos cultures. C’est un enrichissement.

Votre programme musical pour ce soir ?

Sodad, qui est très connu, aussi des morceaux tirés  de mon dernier album Rogamar et des morceaux d’un disque qui a fait partie de mes  enregistrements des années 1960, quand j’étais jeune et des classiques que le public demande toujours.

Du nouveau côté musique ?

Je suis en train de travailler sur mon prochain album qui sortira au mois d’Octobre.

Si vous aviez un message à transmettre aux africains en général et aux algériens

en particulier ?

Ce que je souhaite pour les africains c’est qu’ils s’unissent. Car l’union fait la force.

Michael Jackson est décédé, laissant la famille  musicale et tous ses fans en deuil…

C’est sûr que c’était un grand artiste.

Nous en sommes pauvres aujourd’hui. Mais on n’y peut rien. C’est la loi de la nature.

 

-Née dans une petite ville commerçante de São Vicente, l'une des îles du Cap-Vert, elle fait ses premiers pas auprès de ses cinq frères et de sa mère, Dona Joana, cuisinière pour de riches Blancs. Son père, Justino da Cruz Evora, musicien, disparaît prématurément quand elle avait sept ans. En 2003, elle a remporté le Grammy Award du Meilleur album world music contemporain pour l'album Voz d'amor. Elle participe cette même année à l'album "Gaia" pour la préservation de l'environnement où elle interprète le sublime "Jangadéro" composé par Alan Simon. Elle a été révélée grâce  à la fameuse chanson Sodad. Le président de la république française, Jacques Chirac, l'a distinguée, en 2007, de la médaille de la Légion d'Honneur. C’est la seconde fois qu’elle vient en Algérie. La première fois c’était en 2005.

Elle était programmée pour un seul concert.


Finalement en a fait deux pour satisfaire ses fans.

  Propos recueillis par Rym.Feriel

Source : http://www.panafalger2009.com/FR/Musique/Pages/CesariaEvoraNousavonsbesoindenousr%C3%A9unirnousafricains.aspx

 

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