Commémoration de la journée nationale du Chahid

Publié le par Alliance ANR - UDR


Allocution du Président de la République à l'occasion de la commémoration de la journée nationale du Chahid

Blida, 18 février 2009


Mesdames et Messieurs,

Nous avons tant besoin en ce moment, d'une occasion noble et d'un évènement particulier cojourd'hui à la mémoire des Chouhada, de ces âmes pures qui ont choisi la vie éternelle auprès de l'Eternel.

Nul doute, qu'il n'existe pas de journée qui élève autant la valeur et  la symbolique que représente la journée nationale du Chahid.

Une journée à nulle autre pareilles, car elle nous renvoit à travers sa symbolique singulière, à un type d'Hommes qui se distinguent du reste du  genre humain.

C'est sans exagération aucune si l'on souligne, à cemme celui que nous célébrons aut effet, que peu de peuples sur cette terre peuvent se prévaloir de nous égaler en matière de  célébration de la mémoire de nos martyrs et des valeurs qu'elle inspire auprès de notre peuple, et ce qu'elle évoque comme sentiments.


Qu'un peuple consacre une journée ou davantage à la commémoration de la mémoire de ceux qui se sont sacrifiés pour lui, c'est chose sensée et raisonnable, seulement l'histoire des Chouhada et la portée du sacrifice prend d'autres significations lorsqu'il s'agit de l'Algérie qui est en réalité un don des Chouhada.

Il n'y a point de mal à ce que ses enfants aient des opinions différentes et une manière différente de concevoir les choses de la vie quotidienne, mais ils s'unissent lorsqu'il s'agit de la place qu'ils doivent accorder à leurs martyrs et aux meilleurs de leur patrie voire de leurs générations. La journée du Chahid que nous commémorons ce jour, procède de la gratitude renouvelée et de la reconnaissance pour des millions de Chouhada dont les sacrifices ont marqué chaque étape et le sang a coulé dans toutes les contrées de l'Algérie depuis l'occupation coloniale et, jusqu'à ce que les victorieux héros de Novembre les ont amené à abdiquer. La journée du Chahid, en Algérie, est la célébration du sacrifice et de la fin de l'injustice, de l'agression et de l'exploitation par le sang et la mort.

 Ce patrimoine immense de sacrifices appartient certes aux seuls Algériens, mais ces derniers se doivent, aujourd'hui et à l'avenir de préserver la mémoire de ces convois d'hommes et de femmes qui ont consacré leur vie à la lutte et étaient à l'avant garde du combat sacrifiant tout pour lui.

Dieu Tout Puissant m'a accordé, ainsi qu'à certains parmi les présents à cette journée commémorative, la grâce de côtoyer quelques uns de ces chers et dignes combattants. Nous avions tissé avec eux des liens étroits durant ces instants difficiles et combien chargés de sens d'héroïsme, de pureté et de loyauté, et y resterons fidèles jusqu'à la mort.

Nous, en tant que génération porteuse du message de libération, serons face à un examen de conscience si nous ne réussissons pas à transmettre ce message aux générations nouvelles.

Si le Chahid a sacrifié sa vie par amour de la patrie, pour la cause et pour les enfants de sa nation, c'est qu'il recherchait pour lui et pour eux,  une vie autre que celle contre laquelle il se révolta et se souleva. Le sacrifice se présentait, au regard de ce concept, comme un engagement et un précieux legs. Un engagement pour nous, génération de Novembre, et un legs que doivent préserver les générations qui se succèdent à travers une relation continue et une allégeance sans cesse renouvelée.


La fidélité au legs et le respect de l'engagement conformément à ce concept, sont tributaires de nos paroles et de nos actes devant être en adéquation dans le fond et la forme avec les sentiments qui les ont poussé à la révolte mais aussi avec leurs idéaux.

Mesdames et Messieurs,

Nul doute que le choix de la date du 18 février, journée nationale du  Chahid, depuis sa consécration en 1989, témoigne d'une volonté de fidélité et de continuité.

Ce mois s'est distingué par des faits historiques importants et des  événements douloureux.La création de l'Organisation Spéciale le 18 février 1947, en prélude à l'option de la lutte armée, la présentation de la question algérienne devant l'Assemblée générale des Nations-unies, le 18 février 1957 étaient parmi les dates les plus marquantes. Ce mois a également connu des épreuves pénibles, le colonialisme ayant atteint le summum de la barbarie en exécutant un grand nombre de moudjahidine devant leurs frères algériens et le jour où la France a procédé à l'un des plus terribles tests nucléaires en surface, dans la région de Reggane, le 13 février 1960.

 C'est également le jour où la France a décidé, en février aussi, la  création des zones interdites, la pose de barbelés électrifiés et de milliers  de mines antipersonnelles que notre armée continue, jusqu'à nos jours, de désamorcer, sans oublier le crime commis à Sakiet Sidi Youcef le 8 février 1958 . Les exemples d'événements tragiques sont encore nombreux, certains ayant atteint le paroxysme de la sauvagerie durant ce mois, ses autres méfaits se sont étalés tout au long de la glorieuse révolution.

Si je dois redire ce que j'ai déclaré plus haut, j'affirmerais l'importance du legs laissé par nos valeureux martyrs non seulement au plan de la connaissance historique, qui nous permet de vaincre les difficultés et de relever les défis, mais également au plan de la formation d'une conscience nouvelle, qui se complète et poursuit le processus de leurs sacrifices sans s'y opposer ni le contredit.

A mon sens, ceci est désormais évident pour tous nos frères Moudjahidine qui ont connu ces hommes et partagé avec eux, les moments d'héroïsme et de gloire.

Evident non, en raison de la seule exigence historique mais parce que les critères de survie et d'affirmation de soi dans la nouvelles carte mondiale ainsi que les interactions des systèmes économique, social et doctrinal sont susceptibles de voiler les visions et de dévier le processus de son cours si nous ne resterons pas attachés, un tant soit peu, au legs de ces héros parmi nos enfants et nos frères.


Mesdames, Messieurs,

Si j'accorde de l'importance à l'aspect historique dans la prise de  conscience du présent, je distingue, au même moment, entre les visions passées et celles historiques réfléchies et aux objectifs définis. Les premières prônent la constance, sans plus, et les secondes considèrent les faits comme une dynamique perpétuelle et un renouvellement continu sans cesse en mouvement.

Je ne serais pas en faux en disant que l'intérêt qui doit être accordé à l'Histoire et aux recherches scientifiques y afférentes, qui a connu un mouvement sans précédent depuis quelques années, est l'orientation la plus juste pour offrir l'environnement adéquat à la formation de cette conscience.

Je suis pleinement satisfait de constater cet intérêt croissant pour la production, la recherche et l'exploitation des moyens et des différents supports de publication, d'information et audiovisuels en matière de production et d'écriture de l'Histoire et de les présenter sous une forme étudiée et constructive.

Nous avons constitué des fonds de bibliothéque d'Histoire, créé des  ateliers de la recherche scientifique historique et investi des domaines nouveaux au plan de l'utilisation technique, cinématographique et documentaire et de l'exploitation des espaces idoines pour ériger des monuments historiques.

Ces réalisations qui se développent et se consolident représentent  désormais, un système artistique et culturel complémentaire engendrant les actions qui se réalisent sur d'autres plans, dans le but de sauvegarder les faits de la Révolution avec ses événements et ses positions, toujours vivants dans nos cœurs qui guident les générations dans leurs tentatives de conquérir différents domaines et d'entreprendre diverses actions.  La création des musées, l'édification des monuments, l'entretien des cimetières de Martyrs, la restauration des centres de torture et autres lieux témoins des souffrances du peuple algérien, sont parmi les objectifs escomptés.

Toutes ces actions s'insèrent dans le processus qui requiert toute  mon attention, à savoir la consolidation des bases de l'école algérienne au  service de l'Histoire. L'école algérienne étant seule habilitée à exprimer avec sincérité les aspirations des citoyens à la connaissance de leur Histoire, à partir des sources authentiques sans falsification ni dérives.

J'ai la ferme conviction que tant que nous aurons conscience des  valeurs et des motivations qui ont animé la génération de la Révolution et  l'ont incité à se soulever pour arracher son indépendance, nous réussirons à poursuivre le processus amorcé le 1er Novembre 1954. Il s'agit notamment, d'éliminer les effets de l'aliénation et la dénaturation qui ont affecté certains aspects de notre identité. Des aspects qui requièrent, comme je n'ai eu de cesse de le souligner, une attention particulière et un effort de correction, de rénovation, d'enrichissement ou de renouvellement selon les circonstances.

Dans ce contexte, et nonobstant ceux qui font dans l'ergotage par inconscience ou par manque de discernement, ou ceux encore qui sont animés par des desseins dont le peuple algérien connaît les motivations et la finalité, il me semble que la constitutionnalisation de l'emblème national et de l'hymne national et l'intérêt accordé à l'enseignement de l'Histoire nationale, sont des priorités urgentes pour préserver des piliers importants de l’identité nationale, et faire honneur au legs des Chouhada pour que l'Algérie demeure libre, souveraine, indépendante, unifiée et attachée à ses racines authentiques.

C'est pourquoi nous accordons un intérêt particulier à l'Histoire de la guerre de libération et de la résistance nationale et que nous nous employons à la mobilisation des moyens à même de préserver la place du Moudjahid et celle du Chahid, à travers ses proches. Nous avons, à cet effet, oeuvré à l'amélioration des conditions de vie et sociales et à l'élargissement de la prise en charge médicale et psychologique des moudjahidine et des ayants-droits de Chouhada.

Parallèlement à ces mesures ayant touché tous les Moudjahidine et les ayants-droit et qui ont amélioré leur situation, des programmes intensifs ont été mis en oeuvre en vue de doubler la capacité d'accueil des centres de repos, renforcer le suivi médical et psychologique et créer d'autres centres, tout en veillant à la qualité des prestations et à leur adaptation à l'âge et à l'état de santé des bénéficiaires.

Nous avons, en outre, élargi et développé la prise en charge de l'aspect social et amélioré la qualité des prestations, à travers l'utilisation de techniques modernes pour le virement des pensions, le traitement et l'examen des dossiers et des recours et la gestion des facilités accordées aux Moudjahidine et aux ayants-droit, notamment en matière de transport et d'hébergement, lesquelles mesures ont permis d'assurer une bonne prise en charge de cette catégorie qui en a grandement besoin, du fait de l'âge avancé des Moudjahidine et des complications dues aux préjudices corporels qu'ils ont hérités des années de la Révolution. Sans omettre  qu'au lendemain de l'indépendance, ces mêmes moudjahidine ont contribué à la construction et à la mise en place des bases de la nouvelle étape et ont toujours répondu présents à chaque fois que le processus national était en danger.

Nul doute qu'après le recouvrement de son droit légitime et la réalisation, ces dernières années, de ses aspirations à une vie digne et à une bonne prise en charge médicale et psychologique, cette catégorie sait aujourd'hui, que la satisfaction de ses besoins quotidiens et l'amélioration de ses conditions de vie sont un gage de déférence et de reconnaissance pour les sacrifices qu'elle a consentis. Elles traduisent, également, l'effort global de l'Etat en la matière sur la base de résultats tangibles dans le domaine de la relance économique, de la dynamisation des facteurs de production et de l'élargissement des domaines de l'investissement et, non pas sur celle de la distribution facile aux conséquences  incertaines.

Nous avons voulu que la satisfaction de ces besoins procède d'une méthodologie qui respecte les priorités de cette catégorie, tout en réunissant les outils nécessaires à leur satisfaction de manière juste et efficiente, et qui s'articule autour des potentialités du pays, du progrès et d'un programme de relance économique qui fait de la satisfaction de ces besoins une partie intégrante de l'amélioration de la situation socio-économique globale de l'ensemble des citoyens. Pour ce faire, nous avons promulgué les lois et les décrets qui permettent de pérenniser ces aspects et leur confèrent les cadres optimums de justice, de transparence et de bonne gestion.


Mesdames et Messieurs,

Alors que nous commémorons la journée des Chouhadas qui se sont soulevés contre la répression et le sous développement imposés par le colonialisme, conscients qu'ils avaient entre les mains, la solution et les  tenants et aboutissants de la question en tant que modèle à suivre, nous sommes tenus de nous inspirer de leur détermination et de leur résolution.

Il va sans dire que nous réalisons chaque jour de grands pas dans les  domaines de l'enseignement, de la santé et des infrastructures de base.

Même les plus sceptiques ne sauraient nier que l'Algérie progresse et  ne cesse d'accomplir des réalisations dans les différents domaines, de manière à se prémunir de la régression et du repli sur soi.

Cependant, je relève la nécessité de nous inspirer des valeurs nationalistes dans tout ce que nous entreprenons de réaliser au plan humain ou en matière d'infrastructures que nous construisons, et qui nécessitent des efforts et des  fonds.

Il est important que le quart de la population puisse aujourd'hui  rejoindre les bancs de l'école dans ses différents paliers. Il est tout aussi important que l'Etat consacre le taux le plus important de son budget pour garantir à tout Algérien, son droit et sa chance à l'éducation et pour se doter de tous les facteurs générateurs de force en cette ère moderne.

Toutefois, il sera encore plus utile que cet adolescent, devenu désormais jeune homme, puisse, une fois diplômé, maîtriser les moyens et les outils scientifiques et pratiques tout en demeurant attaché à l'Algérie. Il sera d'autant plus utile que le pays réussisse à mobiliser toute son énergie humaine et tous les moyens dont il dispose dans le processus d'édification, à tous les niveaux et dans tous les domaines.

Je considère que la nouvelle disposition relative à la position de la  femme algérienne dans la dernière révision constitutionnelle est non seulement un rétablissement d'un droit, longtemps sujet à une interprétation erronée et à une controverse, concernant la place à donner à la deuxième moitié de la société algérienne, mais, aussi, un rempart pour contrer tout renoncement aux acquis de la femme en matière d'enseignement et de travail, et un encouragement qui permet à cette dernière d'investir d'autres créneaux et de lui ouvrir de larges perspectives dans le domaine du travail et de la créativité.

La nation tout entière enregistre des indices économiques prometteurs et connaît des mutations positives, réalistes et tangibles.

A l'exception de certaines voix qui s'élèvent ici et là, il est impératif  de saluer les efforts déployés par toutes les compétences nationales loyales qui ont réussi à transformer de nombreux secteurs dans les domaines social, d'infrastructures, de transport, d'eau, d'énergie et autres, en chantiers dynamiques, qui travaillent sans relâche, et qui nous rapprochent, jour après jour, des objectifs tracés et auxquels aspirent tous les enfants de la nation.

Cette dynamique a été concrétisée en dépit des retombées des années  difficiles et de régression que nous avons oeuvré à dépasser, et en dépit  d'une difficulté financière qui ne trouve pas encore d'issue.

Nous avons réussi, tout au long des années écoulées à surmonter les  difficultés complexes qui se posaient avec acuité du fait du terrorisme et de destruction ou, encore, du fait de discours creux et de perte de repères ayant précédé ou accompagné cette situation.

Nous sommes parvenus avec l'aide de Dieu, à raisonner les esprits,  à apaiser les âmes, à orienter les visions et à réunir toutes les conditions  indispensables à la relance du processus de développement.

L'Algérie connaît aujourd'hui, et à travers tout son territoire, une  nouvelle réalité, et récolte le fruit des efforts déployés en matière d'infrastructures et de programmes intensifs dans les domaines de l'habitat, de la santé, de l'enseignement et de l'aide sociale.

Pour ce faire, l'Algérie n'a cessé de concilier entre la satisfaction des revendications quotidiennes du citoyen et l'accélération de la mise en oeuvre de la stratégie globale qui repose sur la réalisation des grands projets qui modifieront l'image de l'Algérie dans un proche avenir, et lui permettront de se frayer un chemin et se faire une place parmi les pays développés qui ont mené à bien le processus de relance et affirmer leur existence.

Si nous sommes parvenus à réaliser cela, nous pourrons grâce à Dieu, et avec des intentions sincères, une volonté ferme et une loyauté sans faille aux sacrifices des Chouhada, entamer d'autres étapes sur la voie du développement et du rayonnement. Nous pourrons, également, avancer à pas sûrs vers le progrès et la relance, en dépit de la crise économique et financière qui frappe les plus grandes puissances économiques dans le monde, tant que nous compterons que sur notre potentiel et nos capacités propres, et tant que nous conférerons sérieux,  rationalisme et précision à nos objectifs.

Je reste convaincu que la réussite sera notre alliée dès lors que nous  affichons une détermination à édifier, à compter sur nos propres ressources, à en faire le bon usage et à employer toute notre énergie à la concrétisation d'objectifs bien définis.

Ce fut là, le secret de la force et de la réussite des Chouhada et Moudjahidine qui ont tracé la voie de la Révolution de Novembre, ceux-là mêmes qui n'ont à aucun moment craint la puissance et les moyens de l'ennemi car fidèles à leurs convictions, confiants quant à la réalisation d'une victoire éclatante.

Il convient aux générations montantes de prendre exemple sur leurs aînés, confortées en cela par les atouts de force qu'elles détiennent. Il est même de leur devoir d'aller de l'avant sur la voie tracée par les Chouhada qui sont toujours parmi nous et le resteront tant que nous demeurons fidèles à leur méthodologie pour affronter les difficultés, relever les défis, se référer aux réalisations des révolutions actuelles pour s'affirmer dans un monde marqué par des enjeux divers. Un monde qui a besoin malgré la différence de moyens et la nature des défis, de s'inspirer de la volonté et de l'enthousiasme qui ont animé la génération vaillante de Novembre, celle qui a mené la bataille de l'avenir et du triomphe.


Puisse Dieu accorder Sa Miséricorde à nos vaillants Chouhada et les  accueillir dans Son Vaste Paradis, et puisse Dieu protéger les Moudjahidine.

Je vous remercie de votre attention.


Abdelaziz Bouteflika


Publié dans Communiqués

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